Me voilà, revenu à mon point de départ, l’aéroport de Canberra. Difficile d’exprimer tout ce que je ressens. Je serais bien resté là bas, j’étais si bien. Hormis le problème de la langue, une semaine isolé à rien comprendre ou presque à ce qu’il se disait, c’était de l’Australien, du pur, du dur. Mais à part cela, c’était merveilleux, je crois que j’étais dans mon élément, en pleine nature, réveil 5 heures du matin, les feux de camps, traverser les forêts à cheval toute la journée, s’arrêter dans une superbe clairière, se laver dans une rivière, s’occuper des chevaux, les veillées, dormir en plein air, que du bonheur. Cette sensation de liberté, rompre avec les conventions de ma vie courante et rentrer en communion avec la nature. Dans la salle d’embarquement, j’essaie de me remémorer un maximum de chose, que je vais vous résumer.
Assis dans l’aéroport donc une semaine auparavant, cela faisait à peu près une heure que j’attendais quand une dame m’accoste et me demande : « are you Jean Marc, the french », je réponds « yes », et elle me dit « you look like a french ». On doit avoir une tête particulière. C’était Délia, la femme de Justin, mes hôtes. Elle me dit que l’on doit attendre Jacquie, une anglaise qui arrive de Sydney. Sur le moment j’ai pensé, super, vive les petites anglaises. Nous voilà à la sortie de l’avion, et les gens passent, du moins je m’intéresse aux filles, pas mal, oui, bof, oui, non, ouahaaa j’espère que non, oui, pas mal, etc... Je sais que ce n’est pas beau de se moquer, mais là je ne peux pas m’empêcher, et je ne lui donnerai pas l’adresse de mon blog, le poids des mots, le choc des photos, âme sensible s’abstenir, c’était ouahaaaaaaa !!! Je ne savais pas à ce moment là qu’elle m’occasionnerait de sacrés fou rires.
Ce premier soir nous sommes hébergés chez Justin et Délia, un couple dans la soixantaine, Justin était informaticien à Sydney et s’est mis à la retraite, pour vivre sa passion, les chevaux à la montagne. Je découvrirai après qu’il est un peu mégalomane, mais pas trop, juste ce qu’il faut pour vivre ce qu’il vie. Nous sommes dans une superbe maison, avec un intérieur type chalet alpin, en bordure d’un lac, sur la Snowy river, vraiment un endroit superbe. Sur la route pour s’y rendre, on s’est arrêté à Cooma, petite ville
qui sert de départ pour la route vers les stations des Snowy mountains, région où se passe le trip. Au cas où, j’ai acheté 3 bouteilles de vin, car tout est prévu sauf l’alcool, et je me suis dit que mettre une bouteille à table ce serait poli. Nos hôtes nous préparent un bon repas, vrai morceau d’une bonne viande au barbecue, et tous les accompagnements. Mais auparavant, ils nous servent l’apéro, camembert avec biscuits, et Justin s’ouvre une bouteille de vin. Ne voulant pas faire mauvaise figure, j’ouvre une des miennes, que je finirais en mangeant, Justin ayant bu la sienne. Fin du repas, Justin ouvre la 3ème bouteille et m’en propose, poli et ne sachant refuser, la chaleur du vin commençant à me griser, j’accepte. Nous finirons la bouteille dans la cuisine, dans les rires et la convivialité, je pense qu’il doit m’apprécier, et je pense que c’est pour cela que nous sommes allés nous coucher à minuit passé, après la 4ème bouteille, LOL.
Le lendemain nous faisons route, vers ce qu’il appelle la bergerie, à trois quart d’heure en pleine montagne, le camp de base. Au fait sur la route on s’est arrêté, dans un petit village, j’ai racheté 3 bouteilles de rouge, juste au cas où. Justin m’en rachètera 2 en cours de semaine, c'est-à-dire que les veillées sont plutôt longues devant le feu de camp. A peine arrivé, nous déposons nos affaires dans la bergerie, juste le temps de s’équiper, j’ai belle allure avec mes affaires neuves, LOL, présentation avec nos chevaux et nous voilà parti, sous la pluie et dans la boue, ça va, rapidement je fais moins neuf. Mon cheval c’est INDI, un étalon de 14 ans, il est sympa, je pense qu’il en a vue passer. Nous ferons 5 heures de cheval ce jour là, avec un petit pique nique à midi, comme tous les jours d’ailleurs. A notre retour, nos affaires nous attendent dans notre campement, et moi qui croyais que l’on dormirait dans la bergerie, cela aurait été du grand luxe. Un vieux lit de camp, une espèce de mini tente posée dessus pour nous protéger de la pluie, le toit de la cahute est plein de trous, heureusement, il s’est arrêté de pleuvoir, et nous aurons un temps superbe tout le reste du trip. Un feu juste devant, un WC type chantier un peu plus loin, et 4 tôles derrière un arbre pour faire la douche. Première veillée. Nos hôtes sont là. Ils dormiront avec nous tous les soirs, dans les mêmes conditions que nous. Justin prend son pied, à nous cuisiner des vrais bons plats, tous les soirs, et au feu de bois. Pareils pour les copieux breakfasts. Au fait ça été difficile au début, mais je me suis mis à la VEGEMITE.
Deuxième jour. Fait important, ils étaient assez soucieux de mon inexperience, comme je les ai rassuré par mon premier jour, j'ai le droit de ne pas porter le casque, mais mon chapeau. Et c’est parti pour 10 heures de cheval, ça fut long pour mon postérieur, mais sinon ça passe très vite, passages de cols, de crêtes, redescentes dans les vallées, rarement sur les chemins, surtout en pleine forêt, souvent à ce frayer un passage à travers les branchages. Je commence à avoir de bonnes sensations sur mon cheval. Je suis très content de m’être équipé un minimum, c’est plus que nécessaire. J’ai pris un fou rire que j’ai mis une heure à calmer, mon anglaise préférée, a réussi à monter à l’envers sur son cheval et se retrouver sur le dos en travers, gros délire. Jack notre guide, un jeune, est sympa, il vit avec nous aussi. C’est lui qui nous accompagnera pendant les 3 premiers jours.
Troisième jour, un départ un peu plus tardif, on est un peu fourbu de la veille. J’ai oublié de vous dire que nous sommes 4, deux Australiens, Andre de Brisbane, 30 ans, et Deen de Canberra, 47 ans, l’anglaise, et moi. A elle je ne lui donne pas d’âge, peut 200 ans, ou alors elle est d’une autre planète, en plus elle n’a pas l’air d’avoir bon caractère, elle refuse les photos, c’est compréhensible, mais je l’ai eu quand même. Les 2 gars sont sympas, je ne comprends rien à ce qu’ils disent, ils ont chacun un accent différent, alors ils répètent ou le langage des signes marche pas mal aussi. La plus part du temps je connais les mots, c’est la prononciation qui est terrible. Ce jour là, 5 heures de ride nous attendent, plus court mais costaud. Nous faisons des franchissements plus difficiles et je ressens la puissance de l’animal, sensation que je n’avais jamais eu auparavant toutes les fois ou j’avais fait du cheval. Retour au camp en milieu d’après midi, on nous propose de prendre notre douche, la 1ère depuis notre arrivée, même rudimentaire, elle est la bienvenue.
Quatrième jour. On a fait nos sacs et roulé nos espèces de tentes. Tout sera transporté en 4X4 vers notre nouveau campement. Nous, comme on a été pas trop mal, ils nous donnent de nouveaux chevaux, plus vigoureux et je me rends compte qu’ils sont plus jeunes aussi, normal avec ce qu’on va faire après. Ils voulaient me donner un costaud, je voulais un fougueux, Justin a dit "ok, a crazy horse for a crazy french", il s’appelle SIERA. Je suis monté sur un caractériel, d’ailleurs les 5 premières minutes ont été fortes en adrénaline, n’étant pas d’accord sur la direction à prendre, il a foncé dans les arbres, s’est cabré, est parti au galop, puis finalement comme j’étais toujours dessus, un peu en vrac tout de même, il s’est calmé, on va dire que j’ai eu le dessus. C’est la puissance à l’état pur, impressionnant comme ça arrache, dans les montés, dans les quelques sauts qu’on a pu faire, durant les 3 jours où je l’ai eu, à ce demander où sont les limites de l’animal, et je pense n’en avoir eu qu’un petit aperçu. Un régal de ressentir ces sensations, avec de l’expérience et plus de complicité avec le cheval on doit faire des trucs de fou. C’est Justin qui est notre guide à partir de ce jour, 6 heures de cheval, balade dans les montagnes et nous rejoignons notre nouveau campement en milieu d’après midi. Là nous sommes vraiment dans le wilde (sauvage en anglais). Le camp, plus petit que le précédent, est agencé à peu près de la même manière, il est sur une sorte de péninsule entourée d’une rivière, ce qui me permettra de me laver tous les jours. L’endroit est superbe. Le calme total. Les chevaux sont attachés autour de notre cahute, c’est vraiment un retour quelques décennies en arrière. Au fait l’anglaise est tombée de son cheval dans une grosse montée !
Cinquième jour. Quelques courbatures dans le dos. Avec Justin et les chevaux que nous avons, on fait des rides beaucoup plus difficiles et rythmés. Le matin l’anglaise a percuté un arbre et un quart d’heure après elle est tombé de son cheval en franchissant une rivière, comme elle a passé le reste de sa matinée à pleurer et râler, je crois qu’elle a pris peur, Justin c’est organisé pour que l’on rejoigne un groupe de cavalier pour le déjeuner et ils lui ont donné un cheval beaucoup plus docile et tranquille, un peu de compassion née en moi. Cela a eu comme conséquences pour la suite, que l’on a fait des trucs moins un peu moins existant et surtout avec une cadence plus cool. En arrivant au camp, nous attendais une terrasse installée les pieds dans l’eau et un cubi de Pinacolada, ça a détendu l’atmosphère. Je ne parle pas trop des paysages que nous traversons, les photos seront plus explicites, c’est bien sur très beau, mais pour moi c’est vraiment la découverte de cet animal qui me fascine et les sensations que cela procure dans ce milieu de liberté.
Sixième jour. C’était ce matin. Comme d’habitude après un copieux breakfast, préparation des chevaux, on a fait nos sacs, et départ pour 4 heures de randonnée équestre, ça a été plutôt tranquille, de plus il fallait arriver au campement de base assez tôt dans l’après midi, car l’anglaise a son avion à 18 H et on est a 2 heures de Canberra. A notre arrivé au camp j’ai réussi à convaincre Justin de nous faire galoper dans le champ, l’anglaise ne voulant pas, elle s’est arrêté. On a galopé ! C’est là que j’ai compris que la petite assurance que j’avais prise durant ces 6 jours, me croyant un cavaliero confirmé, n’était qu’utopie. Enorme, quand le cheval s’est lancé, il a doublé les autres, dans un de ses écarts j’ai perdu un étrier, ayant du mal à me maintenir, je me suis accroché à son coup, il a ralenti, tentant de remettre l’étrier le voilà reparti de plus belle. Finalement j’ai réussi à l’arrêter et à rentrer au camp, en entier, SIERA était comme un fou, surexcité, il renâclait, frappait des sabots, et moi bien content d’en descendre. Je voulais de l’adrénaline, j’en ai eu, et j’ai compris par la même occasion pourquoi ils avaient évité de nous faire galoper pendant ces 6 jours, c’est comme tout ça s’apprend, c’est physique et dangereux, surtout sur le furieux que je montais. A 15 H, départ, adieu le SNOWY WILDERNESS.
Ce que j’ai oublié de dire. 0n a croisé tout les jours des kangourous, des wallabies, des chevreuils et autres animaux peuplant ses montagnes. De nombreux troupeaux de Brumbies y vivent aussi, les chevaux sauvages, ils nous regardent approcher curieusement et s'échappent au triple galop dès que l'on est un peu trop prés. Le chapeau se met au réveil et s'enlève quand on se couche. Derrière le coté trés sauvage dans lequel on nous immerge, l'organistion a l'air bien rodée, et tout est fait pour le respect de la nature. Justin et délia, malgré leur fortune et tout en gérant leur business, vivent très simplement dans la nature. Ils ont camouflé dans leur immense domaine, un mini Lodge et une salle de réception, au moins une trentaine de chevaux, des quads, et 5 camps sont répartis sur le domaine. Justin pilote son propre avion, un bimoteur je crois et malgré cela il prend la douche comme ces clients, avec une espèce de sacoche remplie d’eau de pluie chauffée sur place et suspendue à un fil de fer, se lève avec le soleil et se couche lorsque tout est ok pour ces clients. Bon il boit pas mal de vin, mais il a l’air de bien se porter. C’est un gars qui mérite d’être connu je pense, dommage que la barrière de la langue ne m'est pas permis de plus échanger, mais c’était vraiment génial !